Comment empêcher les poussières de plomb d’envahir vos poumons ? Quels équipements doivent être portés lorsque les protections collectives ne suffisent pas ? Pourquoi une combinaison ne doit jamais franchir le seuil d’une maison ?
La prévention du risque plomb repose sur une cascade de mesures complémentaires, depuis la suppression totale du danger jusqu’à l’hygiène personnelle. Chaque étape compte pour préserver votre santé et celle de votre entourage.
Privilégier la suppression ou la substitution
La première réponse au risque plomb consiste à l’éviter complètement. Lorsque c’est possible, on procède à un déplombage complet avant les travaux de réhabilitation afin que les interventions ultérieures se déroulent sans exposition. On peut aussi substituer le plomb par des produits moins dangereux : couverture en zinc plutôt qu’en plomb laminé, baguettes de soudure sans plomb.
Les protections collectives avant tout
Conformément aux principes généraux de prévention, les mesures de protection collective doivent primer sur les équipements de protection individuelle. Plusieurs dispositifs s’imposent : captage des poussières à la source à l’aide d’aspirateurs avec filtre à très haute efficacité, travail à l’humide pour abattre les poussières, isolation de la zone de travaux pour éviter toute dissémination à l’extérieur, ventilation et renouvellement d’air.
Pour les opérations les plus polluantes, comme le décapage thermique, on crée un sas permettant l’accès et la sortie de la zone contaminée et on installe des films de protection sur les sols difficiles à décontaminer. L’accès au chantier doit être strictement interdit aux personnes non habilitées.
Les équipements de protection individuelle adaptés
Lorsque les protections collectives ne suffisent pas à réduire l’exposition sous les valeurs limites, l’employeur doit fournir des équipements de protection individuelle appropriés. Cela inclut des protections respiratoires (masques FFP3, demi-masques avec cartouche filtrante, cagoules à ventilation assistée), des combinaisons isolantes jetables, des gants adaptés et des chaussures lavables.
L’entretien de ces équipements relève de la responsabilité de l’employeur. Les travailleurs ne peuvent pas rentrer au dépôt ou au domicile avec des vêtements de travail contaminés. Des sociétés spécialisées assurent l’entretien des tenues contaminées au plomb.
Bon à savoir : Un suivi individuel renforcé (SIR) doit être mis en place pour tout salarié exposé à une concentration de plomb dans l’air supérieure à 0,05 mg/m³ sur huit heures, ou présentant une plombémie supérieure à 200 µg/L chez l’homme ou 100 µg/L chez la femme.
L’hygiène : un pilier de la prévention souvent négligé
Les mesures d’hygiène jouent un rôle majeur dans la prévention de l’exposition par ingestion.
L’employeur doit mettre en place un vestiaire sale et un vestiaire propre accessibles par l’intermédiaire d’une douche d’hygiène. Il est strictement interdit de manger, fumer et boire sur le chantier. C’est d’ailleurs important de sensibiliser vos collaborateurs à ces notions d’hygiène indispensables.
La zone de travaux doit également être isolée et nettoyée régulièrement avec des aspirateurs à filtre à très haute efficacité, en proscrivant le balayage qui remet les poussières en suspension.
Enfin, les déchets contenant du plomb doivent être ramassés régulièrement, si possible en les humidifiant, conditionnés dans des sacs étanches et stockés dans un local inaccessible au public avant évacuation vers un centre de traitement agréé. Il ne faut jamais brûler du bois recouvert de peinture au plomb.
La surveillance médicale pour détecter et agir à temps
Le suivi individuel renforcé (SIR) concerne les salariés affectés à des postes présentant des risques particuliers, notamment l’exposition au plomb. Il comprend un examen médical d’aptitude réalisé par le médecin du travail avant l’affectation sur le poste, puis renouvelé selon une périodicité déterminée par le médecin, qui ne peut excéder quatre ans.
Cet examen vise à s’assurer que le salarié est médicalement apte au poste, à rechercher d’éventuelles affections pouvant représenter un danger pour les autres travailleurs, à proposer des adaptations de poste ou une réaffectation si nécessaire, et à sensibiliser sur les moyens de prévention.
La surveillance biologique de l’exposition au plomb par dosage dans l’urine et le sang permet d’estimer rapidement l’atteinte de l’organisme. Les contrôles du respect des valeurs limites réglementaires (VLEP et VLB) doivent être réalisés par des laboratoires accrédités.
En résumé
La prévention du risque plomb suit une hiérarchie stricte :
- supprimer ou substituer le plomb quand c’est possible
- installer des protections collectives (aspiration, travail à l’humide, confinement)
- équiper les travailleurs d’EPI adaptés
- maintenir une hygiène rigoureuse pour éviter toute contamination domestique
- la surveillance médicale régulière complète ce dispositif en détectant précocement toute atteinte à la santé


