Exposition au plomb et santé

Exposition au plomb : quels risques pour ma santé ? – Épisode 1

Vous grattez une vieille peinture sans masque ? Vous poncez un mur d’immeuble ancien sans aspiration ? Vous rentrez chez vous avec vos vêtements de chantier poussiéreux ? Ces gestes du quotidien, anodins en apparence, peuvent exposer votre organisme à un poison insidieux qui s’accumule pendant des années. En effet, le plomb hante encore nos chantiers.

Dissimulé dans les peintures des immeubles anciens, niché dans les canalisations, ou mêlé aux fumées des travaux de métallurgie, ce métal lourd continue d’exposer de plus de 200 000 salariés en France (selon l’enquête Sumer de 2017).

Comment ce métal infiltre-t-il votre corps ? Quels organes attaque-t-il en priorité ? Et surtout, comment protéger ceux qui partagent votre vie ?

Un métal qui s’infiltre dans l’organisme sans bruit

Le plomb métallique et ses composés pénètrent dans le corps humain de deux manières principales : par inhalation de poussières, fumées ou vapeurs, et par ingestion via des mains contaminées ou des aliments souillés. Une fois dans l’organisme, il se fixe sur les tissus mous comme le foie, les reins, le système nerveux et la moelle osseuse, avant de s’accumuler dans les os et les dents où il peut rester stocké durant plusieurs années.

Cette accumulation progressive explique pourquoi les intoxications chroniques sont bien plus fréquentes que les cas aigus en milieu professionnel. Le plomb agit sur de nombreux métabolismes, notamment en bloquant la synthèse de l’hémoglobine, ce qui entraîne des anémies plus ou moins marquées. L’élimination naturelle est lente : plusieurs mois pour les tissus mous, plusieurs années pour le système osseux.

Le saviez-vous ? Le plomb a été beaucoup utilisé depuis l’antiquité pour ses propriétés anti-corrosives avant que l’on découvre ses effets néfastes pour la santé.

Exposition au plomb : les atteintes sur le corps humain

L’intoxication au plomb, appelée saturnisme, provoque des troubles variés et parfois irréversibles. Les atteintes sanguines figurent parmi les plus fréquentes, nécessitant une surveillance permanente des salariés exposés. L’anémie se développe lorsque la plombémie dépasse certains seuils.

Le système nerveux n’est pas épargné. Le plomb peut causer des troubles neurologiques allant des céphalées aux neuropathies périphériques, en passant par des troubles de la motricité fine, voire des convulsions dans les cas graves. Les atteintes rénales constituent un autre risque majeur, avec des néphropathies interstitielles qui peuvent évoluer vers une insuffisance rénale.

Sur le plan digestif, les fameuses “coliques de plomb” apparaissent lors d’expositions plus marquées ou lors d’une maladie intercurrente comme une grippe, qui libère le plomb stocké dans les os. Ces douleurs abdominales intenses s’accompagnent souvent de nausées, vomissements et constipation.

Un danger qui dépasse les murs du chantier

Le risque ne s’arrête pas à la porte de l’entreprise. Les travailleurs exposés au plomb peuvent contaminer leur entourage, en particulier les enfants et les femmes enceintes. Le plomb ramené involontairement au domicile via les vêtements ou la peau contamine l’espace domestique. 

Chez l’enfant de moins de six ans, les conséquences sont particulièrement graves : retards intellectuels, difficultés d’apprentissage, troubles psychomoteurs avec agitation, irritabilité et troubles du sommeil.

Bon à savoir : Une surveillance a été effectuée dans des écoles des arrondissements exposés aux fumées, après l’incendie de la cathédrale Notre-Dame du 15 avril 2019. Cette étude n’a pas révélé d’augmentation significative des plombémies infantiles.

Pour les femmes enceintes, le plomb stocké dans les os se relargue dans le sang durant la grossesse et contamine le fœtus en passant la barrière placentaire. Il se retrouve aussi dans le lait maternel pendant l’allaitement. Les effets peuvent inclure des retards de croissance intra-utérin, des accouchements prématurés ou des fausses-couches.

À retenir : Les maladies liées au plomb sont reconnues comme maladie professionnelle depuis plus d’un siècle en France. Il figure au tableau n°1 du régime général des maladies professionnelles de la Sécurité sociale.

En résumé

Le plomb s’accumule silencieusement dans l’organisme pendant des années, attaquant le sang, le système nerveux et les reins. Mais le danger ne concerne pas que vous : vos proches, surtout les enfants et femmes enceintes, risquent également une contamination via vos vêtements et votre peau. Reconnaître ces mécanismes constitue le premier pas vers une protection efficace contre le plomb.

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